La poésie, ce n’est pas seulement un genre littéraire, c’est une façon de voir et de vivre le monde. La poésie est partout, elle existe autour de soi, il suffit de la capter comme telle, d’adapter l’angle du regard. Elle n’a d’ailleurs que faire de la beauté et de la laideur, tout peut être poétique : un paysage, un homme assis sur un banc, une corde à linge qui valse au vent, l’odeur d’une tarte aux pommes qui rappelle une grand-mère ou encore un immeuble qui s’effondre.
Le poète est donc celui qui traduit l’état poétique du monde. Le langage est son outil de travail.
Certains aspects du langage facilitent la traduction : les images (métaphores), le rythme (musicalité du texte, incluant la disposition des vers et des silences) ou les allitérations (sons qui se répètent) en sont quelques exemples. Écrire de la poésie, c’est en quelque sorte s’amuser avec le langage, c’est l’utiliser autrement qu’à l’habitude, autrement qu’à des fins strictement logiques et utilitaires.
Lorsque le poète joue avec le langage, on dit qu’il le renouvèle, c’est-à-dire qu’avec les mêmes mots que ceux utilisés dans la vie quotidienne, il arrive, en les agençant de manière étonnante par exemple, à dire le monde autrement, à faire sentir ce qu’on ne perçoit pas habituellement. C’est ainsi que la poésie peut rendre beau ce qui semble laid au premier abord, ou même l’inverse. Elle révèle certains aspects cachés du monde, ce qui est en dessous, ce qui est admirable*.
Accéder à une œuvre poétique, c’est se glisser dans un état poétique et s’ouvrir à certaines facettes inexplorées du monde et de soi-même.
* paraphrasé de Jacques Brault