Denise la lumière
Je pense à ma grand-mère Denise à la lumière des Galeries d’Anjou
Je pense que le voyage est long finalement
Une vie à se croiser et à se décroiser et à se tenir par la main des fois
Une vie à se tenir par la main des fois
Toujours pareille toujours tout seul pareil
Toujours hâte à l’été pour ne jamais sortir parce qu’il fait trop chaud
Toujours hâte de te voir sourire avec les légumes que tu fais pousser sur le balcon
Les carottes, les radis, la salade
La salade pousse fucking vite man
La salade prend plus d’initiatives que moi man
Une autre affaire encore une autre affaire
Mon doigt bouge tout seul depuis deux semaines
Sur internet c’est le cancer la spasmophilie
On me dit bravo : bravo pour tes poèmes dans les vitrines
Hey merci beaucoup en code Morse avec mon doigt fucké
Hey merci beaucoup mais mes poèmes ont été effacés par les laveurs de vitres le lendemain matin
Priceless fucké priceless code Morse
As-tu vu le soleil?
Il campe en avant du Simons et je me sens seul
Je prévois aller me baigner dans une rivière cet été mais je n’irai pas
C’est comme ça je suis fait comme ça
Pendant que ma blonde travaille
Je me promène aux Galeries d’Anjou
Excellent citoyen
Excellent contribuable
As-tu vu le soleil?
Je pense au smog
Je pense à ma grand-mère
Je pense aux jours d’été quand Denise me tirait aux cartes j’avais toujours la chienne
Maintenant ma grand-mère ne me reconnaît plus
Je ne vais pas la voir je suis un sans-cœur j’ai la chienne
Je te crie que j’ai la chienne
La chienne en code Morse
La chienne des voyages trop longs des couchers de soleil des insomnies sur ma peau
La chienne de ne pas regarder le bon film avant de me coucher
La chienne de mourir de souffrir de ne plus voir les yeux le rire de mes parents au resto italien
As-tu vu le soleil?
C’est encore l’été quelque part
Et plus personne ne lit mon avenir
Dans l’autobus je parle à ma mère avec mes écouteurs Bluetooth
Je passe pour un fou
Si je pouvais me ploguer partout
Mon sang
Mes nerfs en Bluetooth
Ma grand-mère Denise que je pourrais tenir par la main en Bluetooth
Poème et interprétation : Jean-Christophe Réhel
Guitariste : Arthur Marois
Réalisation et montage : Pascal Robitaille
Direction photo : Matthew Wolkow
Prise de son et mixage : Benoit Bordeleau
Mixage additionnel : Samuel Desrosiers
Direction de production : Jonathan Lamy
Assistance : Daria Larose-Beaupré
Colorisation : William Albu
Équipement caméra : Kid Kdak
Assurances : Plan B
Jean-Christophe Réhel est poète et romancier. Il a reçu plusieurs distinctions : son roman Ce qu’on respire sur Tatouine est lauréat du Prix littéraire des collégiens 2019 et fait partie de la liste préliminaire pour le Prix des libraires du Québec dans la catégorie Roman québécois (2019). La fatigue des fruits se trouve aussi dans la liste préliminaire pour le Prix des libraires du Québec dans la catégorie Poésie (2019), alors que la suite poétique La pluie s’endort toujours sur le côté gauche a été finaliste au Prix Geneviève-Amyot 2017. Les volcans sentent la coconut a été finaliste au Prix des libraires du Québec dans la catégorie Poésie (2017). Il a écrit pour plusieurs revues littéraires et a participé à de nombreuses lectures publiques.